Les dysménorrhées sont des douleurs abdomino-pelviennes cycliques, rythmées par les règles.
50 à 70 % des adolescentes sont concernées, de manière physiologique, par une dysménorrhée permanente ou occasionnelle et 15 % d'entre elles sont contraintes de limiter leurs activités au cours des règles. La dysménorrhée peut également être le symptôme d'une maladie.
Le point dans notre article.
Physiologie du cycle menstruel
Le cycle menstruel est l'ensemble des phénomènes physiologiques préparant l'organisme féminin à une éventuelle fécondation :
- Il est régulé par des hormones. Il dure en moyenne 28 jours. Le premier jour du cycle est défini comme le premier jour des règles.
- Au cours de chaque cycle, la muqueuse utérine s'épaissit en vue d'accueillir un embryon. Si l'ovule émis n'est pas fécondé, alors le taux d'hormones (œstrogènes et progestérone) chute et les règles apparaissent.
- Un nouveau cycle peut alors débuter.
Bon à savoir :les règles (pertes sanguines) correspondent à la desquamation de la muqueuse utérine. Elles durent en moyenne entre 3 et 6 jours.
Dysménorrhées : qu'est-ce que c'est ?
Les dysménorrhées sont, dans la grande majorité des cas, physiologiques chez l'adolescente : on les appelle dysménorrhées essentielles. Elles évoquent plutôt une maladie lorsqu'elles surviennent après 25 ans ; on parle alors de dysménorrhées secondaires.
Concernant les dysménorrhées essentielles :
- La douleur menstruelle est l’expression d’une hypoxie tissulaire consécutive à deux phénomènes : hypercontractilité du myomètre : contractions intenses du muscle utérin et constriction des petites artères irrigant le myomètre.
- Les prostaglandines sont des petites molécules lipidiques de l'organisme. Elles interviennent dans des processus inflammatoire ou infectieux et sont responsables de la vasomotricité. On leur attribue un rôle prépondérant dans le phénomène douloureux des règles.
- Le rôle de l'innervation utérine dans les dysménorrhées est certain mais n'a pas encore été démontré.
Pour ce qui est des dysménorrhées secondaires, la douleur fait intervenir d'autres acteurs inhérents à la maladie : tumeur, malformation, processus inflammatoire ou infectieux...
Bon à savoir : l'hypoxie tissulaire correspond à un défaut d'apport en oxygène. Elle engendre une souffrance tissulaire et donc une douleur.
Prise en charge des dysménorrhées
La prise en charge de dysménorrhées dépend de leur caractère essentiel ou secondaire.
Traitement des dysménorrhées essentielles
Le traitement des dysménorrhées essentielles repose sur trois classes thérapeutiques :
- Les antiprostaglandines sont des inhibiteurs de la synthèse de prostaglandines. Il ne peut s'agir que d'un traitement ponctuel, de courte durée.
- Les progestatifs, dont l'efficacité est connue de longue date, diminuent la motricité utérine. Ce sont laprogestérone et la rétroprogestérone comme Utrogestan®, Duphaston®. Ils sont particulièrement indiqués pour l'adolescente n'ayant pas de rapport et qui se plaint de dysménorrhée fonctionnelle avec cycles irréguliers.
- Les œstroprogestatifs : toutes les pilules modernes peuvent être utilisées, le timbre œstroprogestatif et l'anneau vaginal également. C'est la meilleure solution chez la jeune femme.
- Autres traitements médicamenteux de la dysménorrhée : les anti-spasmodiques de type Spasfon®.
Peu de dysménorrhées résistent à un traitement bien conduit et à un suivi médical optimal. Une prise en charge psychologique et/ou un avis de spécialiste gynécologue est nécessaire si toutefois les dysménorrhées perdurent.
Traitement des dysménorrhées secondaires
Il dépend de la maladie responsable des dysménorrhées.
Chez la femme, après 25 ans, la dysménorrhée peut apparaître ou réapparaître. Si elle réapparaît suite à un arrêt de contraception alors elle doit être considérée comme une dysménorrhée essentielle.
Si la dysménorrhée s'installe de façon soudaine, sans facteur déclenchant, qu'elle prédomine à la fin des menstruations, sur plusieurs jours, plus ou moins accompagnée de saignement en dehors des règles (ménométrorragies), alors on suspecte deux diagnostics :
- l'endométriose : maladie chronique caractérisée par la prolifération de présence de tissu endométrial en dehors de l'utérus, sur les trompes, les organes digestifs..., responsable de douleurs gynécologiques chroniques et dont la physiopathologie n'est pas encore clairement identifiée ;
- l'adénomyose encore appelé endométriose interne, caractérisée par la prolifération de tissu endométrial au sein du myomètre seulement.
Ces deux pathologies relèvent parfois d'un traitement chirurgical, même si « tout doit donc être fait pour que la chirurgie ne soit plus le traitement de référence de l’endométriose comme cela a été trop le cas dans le passé », insistent les spécialistes. Elles nécessitent dans tous les cas un suivi spécialisé par un gynécologue.
D'autres maladies peuvent donner des dysménorrhées mais elles sont accompagnées d'autres signes cliniques orientant le médecin vers une prise en charge spécialisée.
Bon à savoir : 1 femme sur 10 serait aujourd'hui concernée par l'endométriose.