Les règles, périodes ou menstruations, ou encore flux menstruels, apparaissent la première fois avec la puberté entre 10 et 16 ans. Elles expriment la capacité que possède la femme à procréer par l'existence d'un cycle d'ovulation. Les règles s'arrêtent pendant une grossesse et définitivement à la ménopause, aux alentours de 50 ans. Tour d'horizon de ce phénomène dans notre article.
Menstruations : caractéristiques
Un lien intime avec le cycle lunaire
Le mot menstruation vient du latin mensis, c'est-à-dire mois, en lien avec les cycles mensuels de la lune. Le cycle féminin est en rapport très étroit avec celui de la lune. On remarque qu'une femme qui habite dans la nature, loin des lumières nocturnes de la ville, possède un cycle qui s'harmonise avec le rythme lunaire. De plus, autrefois, les femmes n'avaient pas souvent leurs règles, du fait de grossesses répétées et de longs allaitements.
Définition
Les règles sont un écoulement de sang cyclique qui vient de la transformation de la muqueuse de l'utérus (endomètre) qui, chaque mois, élimine les tissus (par le vagin) qui étaient formés afin d'accueillir la nidation d'un œuf.
Chaque mois, l'utérus se prépare en effet à accueillir un ovule fécondé. Un cycle commence par le premier jour des règles, et se termine le premier jour des règles suivantes.
Le volume des règles varie de 5 à 25 mL environ. Leur durée varie de 3 à 8 jours en moyenne. Volume et durée diffèrent d'une femme à l'autre et d'un cycle à l'autre.
À noter : l'utérus s'appelle le petit cœur. L'écoulement mensuel de sang est à respecter, car il libère de cette manière les toxines de l'organisme féminin.
Fonctionnement
Le cœur du système de reproduction féminin, l'utérus, se trouve à l'intérieur du pelvis. De l'énergie, provenant de la glande hypophyse à la base du cerveau, envoie aux ovaires des signes pour qu'un ovule arrive à maturation et se libère. De leur côté, les ovaires envoient leurs signes afin de provoquer la réponse des autres zones de l'appareil reproducteur : la paroi interne utérine, le col de l'utérus et les seins.
À noter : l'endomètre est le tissu qui recouvre l'intérieur de l'utérus. Il est peu épais avant l'ovulation, puis s'épaissit considérablement en deuxième partie de cycle, passant de 1 mm à 1 cm. Il se creuse et s'organise en replis, portant beaucoup de vaisseaux sanguins et de glandes produisant du sucre et du glycogène, pour se préparer à accueillir et nourrir l'œuf.
Menstruations et cycle féminin
Le cycle féminin dure de 26 à 35 jours, 28 jours le plus souvent. Il est régi par deux hormones venant de l'hypophyse : l'hormone folliculo-stimulante (FSH) et l'hormone lutéinisante (LH).
Il existe quatre phases dans le cycle féminin.
Phase folliculaire
Sa durée varie (environ 14 jours en moyenne) : en début de cycle, sous l'influence de la FSH, un follicule sur l'un des ovaires est sélectionné et forme le follicule de De Graaf. L'œstrogène est sécrété et régénère la muqueuse utérine qui commence à s'épaissir en fabriquant l'endomètre pour l'implantation éventuelle de l'embryon. L'œstrogène provoque aussi un assouplissement du col utérin qui se met à produire une mucosité visqueuse, la glaire cervicale.
Ovulation
Vers le 14e jour environ, la LH est sécrétée. Son augmentation entraîne la rupture du follicule. L'ovule est expulsé et capté par les trompes, puis va jusque dans l'utérus. Le mucus de fécondation devient plus liquide et donne à la femme une sensation d'humidité, ce qui lui permet de savoir que c'est le moment de l'ovulation. Elle ressent souvent ce jour-là une douleur au ventre. Son col, lui, s'entrouvre d'un doigt. Ces trois signes sont importants pour repérer les jours féconds.
Phase lutéale
Elle a une durée fixe de 14 jours : un corps jaune à rôle endocrinien (c'est-à-dire hormonal) se développe et permet la sécrétion de progestérone. La thèque interne produit encore des œstrogènes. La sécrétion œstrogénique et progestative permet la transformation de la muqueuse utérine pour accueillir l'embryon.
La progestérone (appelée hormone de la maternité) entraîne aussi une élévation de la température de base de 3 à 5 dixièmes de degrés, ce qui permet de connaître le jour de l'ovulation. La température se maintient élevée jusqu'au début des règles suivantes. Le col se referme et se bouche par une glaire coagulée, à l'aspect collant et sec.
Phase menstruelle
Si l'ovule n'est pas fécondé, il meurt, et la muqueuse de l'utérus est rejetée. Ce sont les règles.
Mais pendant le cycle menstruel, l'ovule tombé dans la trompe de Fallope peut être fécondé par un spermatozoïde ; une grossesse débute alors.
Troubles et anomalies des menstruations
Dysménorrhée ou algoménorrhée : les règles douloureuses
La dysménorrhée ou algoménorrhée correspond à des douleurs de contractions utérines intenses qui irradient dans le ventre et le bas du dos quelques jours avant les règles, puis pendant les règles.
On appelle dysménorrhée primaire des règles douloureuses depuis l'adolescence, et dysménorrhée secondaire des règles douloureuses plus récentes. Elles s'accompagnent très souvent de troubles de l'humeur, d'irritabilité, de difficultés de concentration, de maux de tête, de diarrhées.
Bon à savoir : les contractions utérines sont provoquées par des alpha-prostaglandines, hormones se formant lorsque l'alimentation est trop grasse, trop importante et trop riche en protéines.
Syndrome prémenstruel (SPM)
Le syndrome prémenstruel est un ensemble de signes (symptômes) physiques et émotionnels qui arrivent le plus souvent 2 à 7 jours avant les règles et s'arrêtent avec le début des règles ou quelques jours après. Les causes ne sont pas vraiment connues, mais sans doute en lien avec les flux hormonaux. Les signes habituels sont une sensibilité et un gonflement des seins, un gonflement du bas du ventre, des maux de tête et une irritabilité.
Oligoménorrhée : règles insuffisantes
Les menstruations sont rares, l'écoulement de sang est d'une très petite quantité. Il peut se produire lorsqu'on prend la pilule et que l'ovulation ne se produit pas.
Aménorrhée : absence de règles
C'est une absence de règles en dehors de la grossesse et de l'allaitement chez une femme qui est en âge d'être réglée.
On retrouve beaucoup de causes d'aménorrhée. Citons un retard pubertaire, l'allaitement, le début de la ménopause, la prise et l'arrêt d'un moyen de contraception, un sport de haut niveau, un choc émotionnel, une anorexie, une boulimie, un excès de poids, des cicatrices de l'utérus, des maladies endocriniennes ou chroniques, la prise de certains médicaments, des interventions chirurgicales : ablation de l'utérus ou des ovaires, etc.
Le traitement, bien sûr, dépendra de la cause d'origine.
Ménorragie ou hyperménorrhée et polyménorrhée : règles trop abondantes ou trop longues
On parle de menstruations trop abondantes lorsque les règles durent au-delà de 6 à 7 jours ou quand 6 ou 7 tampons ou serviettes périodiques quotidiens ne sont plus suffisants pour absorber le sang.
Parfois, l'ovulation ne se produit pas (cycle anovulatoire) : l'endomètre continue de se développer jusqu'au moment où l'utérus se contracte et le rejette. Il met alors également plus de temps à partir, ce qui provoque des ménorragies. Les cycles anovulatoires sont fréquents, surtout à l'adolescence et dans la période de préménopause.
Une ménorragie peut provoquer des troubles de l'équilibre, une gêne circulatoire, une grande faiblesse ou une anémie.
Les causes de ménorragie sont bien souvent organiques :
- l'hérédité ;
- une fausse couche ;
- la présence d'un fibrome dans l'utérus : c'est une tumeur non cancéreuse logée dans la paroi utérine ;
- des polypes ;
- une endométriose qui se caractérise par la présence de tissus formés de cellules endométriales à l'extérieur de l'utérus. Le tissu endométrial réagit, où qu'il soit dans le corps, aux fluctuations des hormones lors du cycle menstruel. Il se développe, puis saigne tous les mois. Les saignements n'ont donc pas d'issue en dehors du corps, ce qui entraîne une irritation et peut provoquer des kystes ;
- une incompatibilité avec la pose d'un stérilet ;
- une inflammation utérine ;
- un cancer de l'utérus ;
- une inflammation de la vessie ;
- un dysfonctionnement utérin ;
- un dysfonctionnement thyroïdien ;
- une constipation.
Bon à savoir : le comité européen de pharmacovigilance (Prac) de l'EMA a conclu à un lien entre les vaccins à ARNm contre la Covid et les ménorragies (sources : ANSM et Prac, 28 octobre 2022).
Une alimentation saine, riche en fruits, légumes et céréales complètes (surtout l'épeautre), en évitant le café, l'alcool et le tabac, vont détoxifier le foie et vont contribuer à stimuler la sécrétion œstrogénique.
À noter : le spotting et les métrorragies sont des saignements qui ne sont pas en lien avec le cycle féminin.
Menstruations irrégulières
Les cycles ont une durée variable. Les menstruations irrégulières sont fréquentes et ne sont pas graves ! Elles peuvent avoir différentes causes :
- le cycle est irrégulier de manière naturelle tout au long de la vie. Et chez une adolescente, le cycle met souvent plusieurs années à se réguler ;
- des causes externes peuvent survenir : des émotions, une anxiété, une prise médicamenteuse, un déménagement, etc. ;
- à partir de 40 ans, le retard de règles qui se répète (accompagné ou non de bouffées de chaleur) peut être le signe d'une préménopause ;
- chez certaines femmes, les menstruations deviennent irrégulières et continuent de l'être dans un temps indéterminé. Cette irrégularité, dans plusieurs circonstances, cache une pathologie comme :
- des ovaires polykystiques,
- une endométriose,
- un fibrome,
- des troubles de la thyroïde,
- une insuffisance lutéale.
Des examens sont prescrits pour rechercher la cause. Si aucune cause n'est retrouvée, un traitement hormonal progestatif peut permettre aux cycles de devenir réguliers, avec des dates fixes, dans le but d'améliorer un certain confort de vie.